Fixant les images comme la mort, la photographie, pour Éric Meunié, est un processus surnaturel qui contient l'attente d'un « au-delà ». Cette fascination a commencé avec la découverte de photographies prises par son grand-père entre 1914 et 1918. La guerre y paraissait sans spectacle, comme une calme soumission où, prenant la pose, les soldats font se confondre le champ de bataille et le champ photographique dans une même perspective. Ainsi « la guerre » ne prend pas fin, elle perdure par ses images de faux apaisement, inquiétude souterraine d'être au monde, véritable ferment de l'urgence poétique. Deux étincelles tes aïeules est une « miniature », où toute attention est vouée au détail, parce qu'une certaine concision de la parole fait coïncider ce que l'histoire des hommes déchire. Prendre place dans ce silence terrifié que l'image désigne, pour lui rendre un sens qu'ignore la réalité des événements, tel est pour Éric Meunié l'espoir photographique : celui de l'apparence rétablie, la résurrection.