Cet ouvrage rassemble les travaux d'historiens réunis en 1989 pour analyser la place de la Révolulion française au xix^e siècle. À cette époque, la mémoire et l'exemple de la Révolution – ses hommes, ses événe­ments, ses principes – jouaient en effet un rôle majeur non seulement dons les débats idéologiques mais aussi dans les combats politiques et sociaux. On pourra en juger au travers de débats ou de réalités aussi diverses que la déportation politique, le théâtre ou la peinture officielle sous Louis Philippe. Les hommes et les partis au pouvoir durent toujours se prononcer sur l'importance et la valeur d'un événement dont ils étaient d'ailleurs, quoi qu'ils fissent, les héritiers. La Révolution fut aussi un modèle actif dons les grands mouvements : ainsi on lira comment les femmes de 1848, comment les libres penseurs de la fin du xix^e siècle, les félibres ou encore les nationalistes irlandais ont vu et utilisé le « stock » d'images et d'idées constitué par la Révolution. L'histoire de certains des sys­tèmes de pensée qui ont marqué le siècle, comme le socialisme dans quelques-uns de ses courants, est aussi examinée sous cet angle.
Au total, ce qui l'emporte, plus que le rejet ou la vénération, c'est une mémoire éclatée, contradictoire, sélective, mais qui prouve combien la Révolution était pour les hommes de ce siècle familière et vivante. On pourrait leur appliquer cette formule : dis-moi ce que tu aimes ou ce que tu honnis dans la Révolution, je te dirai qui tu es.