L'histoire du travail au xix^e siècle insiste largement sur la naissance de la grande industrie et du prolétariat et masque du même coup le rôle pourtant essentiel de l'artisanat. Ce livre restitue aux artisans la place qui leur revient.
Certes le xix^e siècle a vu l'avènement de l'usine, du machinisme, de la division du travail et de la lutte des classes ; mais le prolétariat n'a pas remplacé l'artisanat du jour au lendemain. En 1906, plus de la moitié des ouvriers est encore employée dans des entreprises de moins de cinq salariés. L'essor économique de la France au xix^e siècle doit autant au dynamisme et au savoir-faire des gens de métier qu'à l'émergence des grandes entreprises capitalistes.
La Révolution avait aboli les privilèges, les corporations et les associations. Mais le monde du travail, dans sa grande diversité, ne bascula pas d'un coup dans un système économique radicalement différent. Si les corporations étaient juridiquement supprimées, l'esprit qui plusieurs siècles durant les avait animées n'avait pas disparu avec elles. Les notions de métier, de savoir-faire, de solidarité restaient les valeurs primordiales du peuple des ateliers.
Ces valeurs, il est défendit les armes à la main à travers les bouleversements politques qui jalonnèrent le siècle, des journées de 1830 à la révolution de 1848, jusqu'à la Commune de Paris en 1871. Héritiers des vainqueurs de la Bastille, les artisans du xix^e siècle furent les artisans de la République.