Issu d'un colloque qui s'est tenu en janvier 1994 à l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, cet ouvrage trace le chemin conducteur d'une réflexion nouvelle et féconde sur l'histoire de la ville. En affrontant le thème des ségrégations urbaines, les auteurs ont tenté de comprendre comment s'agencent dans la ville itinéraires, comportements et représentations, fabriquant les pluralités de sens qui composent un espace urbain toujours subtilement différencié.
Saisie ici dans un espace exclusivement français pour éviter une trop grande dispersion, la question de la division de la ville n'en apparait pas moins forte dans les intéressantes études de cas régionaux. La perspective de la longue durée permet de relativiser certaines idées reçues sur les ségrégations urbaines et de mieux percevoir leur enracinement dans le temps. La ville de l'Ancien Régime s'avère aussi discriminante que les métropoles contemporaines, même si les formes d'exclusion y sont différentes.
Ce livre vient aussi combler un vide historiographique ainsi que le rappelle Annie Fourcaut dans son introduction. Une grande place est faite aux études micro-locales sans pour autant perdre de vue le projet initial de constituer la ségrégation urbaine en objet d'histoire pertinent, entre monographies singulières et analyses transversales et de faire de ce livre un instrument de lecture des lignes de fracture de la ville d'aujourd'hui.