L'Ombre nue propose plusieurs séries de photographies d'Aurore de Sousa. Objets usuels, miroirs, meubles, albums anciens sont autant de fragments et d'indices, d'histoires de vie réelle ou rêvées, cousues entre elles par des fils tenus et presque invisibles. Cette fresque monochrome est traitée dans des tons nuancés et vibrants d'une grande douceur.
Les textes de Marcel Cohen voisinent cet univers sans jamais l'envahir. Ils suggèrent, sans recourir au romanesque, différents usages de la mémoire. Témoignages, souvenirs, anecdotes deviennet les objets de narration inscrites dans la trame de l'histoire.
L'insularité et la contingence de ces « faits » photographiques et littéraires forment un ensemble que le lecteur s'approprie, non sans un certain trouble de pensée.

Les photographies d'Aurore de Sousa appartiennent à un registre intime. Les images sont largement puisées dans le parcours de vie personnel de l'artiste, touchent à son histoire familiale et à sa condition de migrante. Des photos de famille sont utilisées dans le travail de la photographe aux côtés et à l'intérieur même de son travail de création. Ses petites suites regroupées en six parties distinctes (« L'Ombre nue », « L'étrangère intime », « L'écho de la nuit », « Rémanences », « Ma Mère », « Terre annoncée »), jouent une sorte de partition mélancolique. 
Marcel Cohen fonde et développe son écriture dans les récits de vie, l'épopée intime de tel ou tel parcours, souvent inscrit dans des archives sensibles – photos de famille, souvenirs, petits objets infraordinaires. Il réagit à sa manière aux photographies d'Aurore de Sousa.