Langue de neige
J’ai un désir fou de dire à quelqu’un « regarde comme c’est beau ! », je bas le rappel des choses, mais aucune ne peut répondre au nom de « beau ». Le nom de beau se promène dans la nature sans avoir où se poser, je n’ai rien sous la main à part la neige.
Так хочется кому-нибудь сказать: посмотри, как красиво! Объявляю созыв вещей, ни одна не откликается. Имя «красивость» порхает в воздухе, ибо куда ни кинешь взгляд – везде только снег.
L. J.
Ce livre de texte et de photographies propose des alternances et des lectures dédoublées. Il est à la fois un exercice littéraire et visuel. À partir d’une expérience de bilinguisme, il offre une leçon d’équivalence, caractéristique de l’activité poétique. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une traduction (ici du français et du russe) mais d’un travail de langue qui opère comme un outil les mille nuances de la matière neige. Ce n’est pas dit de la même façon, de la même manière ni de la même matière en français et en russe. À commencer par qui parle : femme en français, homme en russe.
Par coïncidences successives avec ces bruits de langue, l’œil est sollicité par d’autres entailles. Les photographies mettent en scène des espaces sans échelle où la matière est montrée au risque de sa disparition dans la page. Matière aux limites du visible, travaillée par le vent qui l’anime de signes étranges et y inscrit de subtiles traces, la neige, dans les empreintes fixes que collecte le photographe. Les repères habituels dans le paysage hivernal se brouillent ou s’effacent, le temps même qu’un page se tourne, qu’un sommet s’efface. Les métamorphoses les plus ténues forment d’éphémères compositions.
Ici aussi une leçon d’équivalence qui se défie du temps et des échelles est exposée. Les grains d’halogénure d’une pellicule photographique sont des cristaux sensibles et noircis par la lumière. Projetés et agrandis sur le papier positif ces points noirs deviennent des nuages de flocons blancs.
Dans la lignée d’une collection où se jouent de expériences poétiques (plus largement littéraires) et des expériences visuelles (sur tous supports), ce livre explore la question de la fixité des traces et de la prise en compte de leur passage dans la mémoire humaine.
Так хочется кому-нибудь сказать: посмотри, как красиво! Объявляю созыв вещей, ни одна не откликается. Имя «красивость» порхает в воздухе, ибо куда ни кинешь взгляд – везде только снег.
L. J.
Ce livre de texte et de photographies propose des alternances et des lectures dédoublées. Il est à la fois un exercice littéraire et visuel. À partir d’une expérience de bilinguisme, il offre une leçon d’équivalence, caractéristique de l’activité poétique. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une traduction (ici du français et du russe) mais d’un travail de langue qui opère comme un outil les mille nuances de la matière neige. Ce n’est pas dit de la même façon, de la même manière ni de la même matière en français et en russe. À commencer par qui parle : femme en français, homme en russe.
Par coïncidences successives avec ces bruits de langue, l’œil est sollicité par d’autres entailles. Les photographies mettent en scène des espaces sans échelle où la matière est montrée au risque de sa disparition dans la page. Matière aux limites du visible, travaillée par le vent qui l’anime de signes étranges et y inscrit de subtiles traces, la neige, dans les empreintes fixes que collecte le photographe. Les repères habituels dans le paysage hivernal se brouillent ou s’effacent, le temps même qu’un page se tourne, qu’un sommet s’efface. Les métamorphoses les plus ténues forment d’éphémères compositions.
Ici aussi une leçon d’équivalence qui se défie du temps et des échelles est exposée. Les grains d’halogénure d’une pellicule photographique sont des cristaux sensibles et noircis par la lumière. Projetés et agrandis sur le papier positif ces points noirs deviennent des nuages de flocons blancs.
Dans la lignée d’une collection où se jouent de expériences poétiques (plus largement littéraires) et des expériences visuelles (sur tous supports), ce livre explore la question de la fixité des traces et de la prise en compte de leur passage dans la mémoire humaine.
Pages | 80 |
Format | 16,5 x 22,5 cm |
Façonnage | Dos carré cousu avec rabats, embossage sur la couverture |
Caractéristiques | Texte en français et en russe de Luba Jurgenson Vingt-quatre photographies de Thierry Cardon |
Prix | 15 € |
Parution | 11/2021 |
ISBN | 9782354281540 |
Disponibilité | En librairie |
Collection | L'Animal fabuleux |
Thèmes | Art et littérature, Du paysage et des jardins |