Le milieu de nulle part
Le désir de visibilité, le désir d'apparaître dans l'espace public est l'objet, photographique autant que philosophique, de ce travail commun fait durant l'été 2008 en Pologne, dans dix-huit centres d'hébergement ou de rétention de réfugiés essentiellement tchétchènes en Pologne, auprès de 104 personnes. Ce travail articule les exigences esthétiques et politiques de la photographie documentaire aux exigences réflexives et relationnelles de la philosophie de terrain.
Un livre pour affronter la violence et la question du droit.
Le texte est nourri des entretiens menés avec des demandeurs d'asile de tous âges et de toutes conditions. Ils disent quels dangers, quelles violences, quelle impossibilité de vivre sur leur territoire d'origine, les a poussés à la fuite, hors d'un pays devenu un État de non-droit, livré à des puissances maffieuses plus violentes encore que les systèmes féodaux qui les ont précédées: rackets, enlèvements, trafics d'organes ou d'êtres humains en sont le lot quotidien.
Mais ils disent aussi, sur le pays d'« accueil », tout ce qui transforme le séjour en une véritable course d'obstacles, un nouveau parcours du combattant. Ce parcours n'est pas seulement hérissé de barbelés physiques, mais d'obstacles symboliques, dressés par des textes juridiques absurdes, iniques, en mutation permanente, impossibles à comprendre et à maîtriser.
Un livre pour entendre des réfugiés qui pensent leur devenir politique.
Ce livre ne veut en aucun cas offrir les réfugiés à la représentation victimaire dont ils sont trop souvent l'objet, au traitement humanitaire auquel on réduit trop souvent les exigences du droit. Pas plus qu'il ne veut réduire leur parole à celle d'un « témoignage » brut destiné à devenir pour d'autres un matériau de réflexion. Les personnes interrogées, quel que soit leur milieu d'origine, sont d'abord des sujets qui pensent leur propre histoire, la réfléchissent, et réfléchissent à travers elle une histoire qui est au-delà de la leur, et dans laquelle ils ont pleinement conscience de s'inscrire : celle du droit, celle d'un devenir politique.
Un livre pour articuler philosophie et photographie.
Aux trois moments du texte (passé, présent, futur) répondent trois moments photographiques : celui des chambres où sont regroupées les familles, réservant à chacune ce minimum d'intimité que traduit, dans la précarité des lieux, tel choix décoratif, telle disposition des couleurs ; celui des salles communes, où l'intimité n'est plus préservée que par la verticalité des couvertures tendues ; celui enfin des lieux de rétention, univers totalement standardisé de la géométrie carcérale.
L'esthétique radicale de la photographie documentaire vient donc ici scander en contrepoint la dynamique du texte. Ceux à qui la parole est donnée dans le texte n'apparaissent à aucun moment dans les images, qui ne présentent que les lieux. Et là où le texte opère une remontée du passé vers le futur, les images opèrent en résonance une descente des espaces encore relativement libres à ceux de l'incarcération.
Un livre pour affronter la violence et la question du droit.
Le texte est nourri des entretiens menés avec des demandeurs d'asile de tous âges et de toutes conditions. Ils disent quels dangers, quelles violences, quelle impossibilité de vivre sur leur territoire d'origine, les a poussés à la fuite, hors d'un pays devenu un État de non-droit, livré à des puissances maffieuses plus violentes encore que les systèmes féodaux qui les ont précédées: rackets, enlèvements, trafics d'organes ou d'êtres humains en sont le lot quotidien.
Mais ils disent aussi, sur le pays d'« accueil », tout ce qui transforme le séjour en une véritable course d'obstacles, un nouveau parcours du combattant. Ce parcours n'est pas seulement hérissé de barbelés physiques, mais d'obstacles symboliques, dressés par des textes juridiques absurdes, iniques, en mutation permanente, impossibles à comprendre et à maîtriser.
Un livre pour entendre des réfugiés qui pensent leur devenir politique.
Ce livre ne veut en aucun cas offrir les réfugiés à la représentation victimaire dont ils sont trop souvent l'objet, au traitement humanitaire auquel on réduit trop souvent les exigences du droit. Pas plus qu'il ne veut réduire leur parole à celle d'un « témoignage » brut destiné à devenir pour d'autres un matériau de réflexion. Les personnes interrogées, quel que soit leur milieu d'origine, sont d'abord des sujets qui pensent leur propre histoire, la réfléchissent, et réfléchissent à travers elle une histoire qui est au-delà de la leur, et dans laquelle ils ont pleinement conscience de s'inscrire : celle du droit, celle d'un devenir politique.
Un livre pour articuler philosophie et photographie.
Aux trois moments du texte (passé, présent, futur) répondent trois moments photographiques : celui des chambres où sont regroupées les familles, réservant à chacune ce minimum d'intimité que traduit, dans la précarité des lieux, tel choix décoratif, telle disposition des couleurs ; celui des salles communes, où l'intimité n'est plus préservée que par la verticalité des couvertures tendues ; celui enfin des lieux de rétention, univers totalement standardisé de la géométrie carcérale.
L'esthétique radicale de la photographie documentaire vient donc ici scander en contrepoint la dynamique du texte. Ceux à qui la parole est donnée dans le texte n'apparaissent à aucun moment dans les images, qui ne présentent que les lieux. Et là où le texte opère une remontée du passé vers le futur, les images opèrent en résonance une descente des espaces encore relativement libres à ceux de l'incarcération.
Pages | 180 |
Format | 16,5 x 22,5 cm |
Façonnage | Relié, cartonné |
Prix | 19 € |
Parution | 10/2012 |
ISBN | 9782354280666 |
Disponibilité | En librairie |
Collection | Foto |
Thèmes | Sens du politique, Guerres et violences, Mobilités et migrations |