Tout près de Paimpol, dans une Bretagne de rêve (Côtes d’Armor), l’abbaye maritime de Beauport est un « drôle d’endroit ». Maritime, littorale, médiévale, romantique, cette abbaye remarquée par Prosper Mérimée a été classée monument historique en 1862 mais paradoxalement maintenue dans un état de « ruine contrôlée » où les pierres se mêlent à la végétation. Entre terres, mer et ciels, ce site fondé par l’ordre des Prémontrés appartient au Conservatoire du littoral depuis 1992.
Riche, ambitieuse et indépendante avant de connaître des revers de fortune dès le xvi^e siècle, Beauport a marqué son territoire, côté terres et côté mer. Le domaine, morcelé à la Révolution fut en partie reconstitué au cours des xix^e et xx^e siècles.
L’abbaye offre aux visiteurs un charme particulier en raison des choix de conservation qui font se conjuguer, dans une complexité sensible et vivante, richesses naturelles et culturelles, architecture et végétation, élévation et horizon. Le Beauport d’aujourd’hui n’est plus le foyer religieux qu’il a été durant près de dix siècles mais, d’une autre manière et en des termes contemporains, il entend demeurer un lieu d’aspiration à l’excellence et un centre de découverte et d’échanges.
L'histoire de cette abbaye est retracée dans l'ouvrage mais c'est plutôt autour de photographies (anciennes et contemporaines) que ce petit objet prend corps. Amédée Alasseur, qui avait fait de Beauport, depuis les années 1920, son lieu unique de villégiature pour lui et sa famille, a réalisé d'extraordinaires portraits de famille (principalement de ses deux filles) dans le cadre de l'abbaye et de ses alentours. À leur douce poésie sont associés l’humilité chaleureuse des images d’Alain Devise et le silence mystique de celles de Jean-Christophe Ballot. Présentés dans un coffret, le premier album contient le texte de Laurence Meiffret, «Un parfum de silence», qui présente avec force détails l’ouvrage, le second est consacré aux photographies d’Amédée Alasseur, le troisième à celles de d’Alain Devise, les deux derniers à celles de Jean-Christphe Ballot.
Réunies dans cinq petits livrets solitaires mais solidaires, ces images plurielles de Beauport(s) proposent une vision à la fois intime et universelle d’un bord de mer. Les cinq albums, imprégnés du parfum du silence, communiquent entre eux grâce aux discrètes correspondances suggérées par Laurence Meiffret qui a inventé cette abbaye de papier.